Je l'ai vu ce "Zombie honeymoon", voilà mon avis :
Avec ce "Zombie honeymoon", le réalisateur Dave Gebroe nous livre une oeuvre unique, passionnante dans sa description intimiste du drame vécu par un couple nouvellement marié dont le mari est devenu un mort-vivant.
En effet, le script, après une présentation très rock'n'roll des deux personnages principaux ( les rendant par la même attachant dans leur joie de vivre et leur nonchalance ), embraye très vite sur la mauvaise rencontre faite sur la plage, lors d'une séquence particulièrement réussie parvenant sans mal à installer une vraie tension au cours de laquelle le mari se fera vomir dessus par ce qui ressemble à un mort-vivant sorti de l'océan.
Et instantanément le métrage bascule dans le drame, avec la perte de l'être cher, qui même après son réveil surprise, laissera planer une atmosphère lourde, misant sur l'attente et les mauvais pressentiments que laissent présager l'intitulé du film.
Et il ne faudra pas attendre longtemps pour que les "incidents" dûs à la faim cannibale n'empiètent que façon de plus en plus irréversible sur la destinée de ce jeune couple. Mais la grande force du film est d'arriver à traiter le problème de monsieur de façon réaliste, en grande partie du point de vue de son épouse, sans que l'on puisse s'empêcher d'y voir une métaphore sur le cancer et surtout sur l'alcoolisme ( le zombie se cache au début pour "manger" avant de peu à peu ne plus pouvoir rester discret ),avec aussi une dégradation physique progressive de plus en plus visible. Mais l'alternance des scènes horrifiques et des séquences relevant plus du drame familial ( avec notamment la crise d'identité du couple ) s'opère de manière tellement naturelle et fluide que le spectateur ne peut que prendre pitié pour les deux héros et appréhender de façon quasiment viscérale les futurs développements de l'intrigue, tout en souhaitant que les choses s'arrangent les deux tourtereaux.
Mais bien entendu, cela n'arrivera pas, et au fur et à mesure que l'on avance dans le récit, le ton change, l'humour disparaît peu à peu ( les deux séquences mettant en scène le policier, mises en parallèle, en sont l'exemple typique, d'une apparition prétexte à la plaisanterie succède une intrusion pleine de de suspense et d'une froideur tenace ), pour laisser sa place à un climat de plus en plus oppressant, sombrant sporadiquement dans le glauque lors des attaques cannibales du héros, mais toujours lourd de menace (avec l'éternelle question, "L'amour sera t-il le plus fort ?" ), jusqu'au final, une pure merveille dans sa description simultanée de deux actions différentes, très fort en émotions ( avec un subtil mélange de dégoût, de compassion et de tristesse ) et hautement symbolique dans son tout dernier acte, empreint d'une mélancolie infinie qui poursuit le spectateur longtemps après la vision du film.
Sentiment d'autant plus fort que le réalisateur parvient avec une aisance parfaite à nous impliquer constamment et entièrement dans l'action, grâce en partie à une mise en scène vivante, mais aussi avec l'utilisation de prises de vues en caméra subjective totalement maîtrisée, mais surtout en glissant dans son script un certain nombre de "clichés" ( ce qui ici n'a rien de péjoratif ) dans lesquels il est impossible de ne pas retrouver des éléments de notre histoire individuelle personnelle.
Enfin, les plans sanglants sont dans ce contexte presque douloureux ( car lourds de conséquences ) et leur réalisme poisseux et sale n'arrange rien , bien au contraire ( l'arrachage de gorge du final, par exemple ), quand ils ne versent pas dans une ironie macabre. Les traits d'humour présent dans le film, condensés essentiellement dans sa première partie, ne viennent jamais gâcher l'ensemble en restant toujours subtils et nuancés. L'interprétation est ici exemplaire, fortement inspirée et aide largement l'ensemble à paraître crédible, tandis que les effets spéciaux, tant au niveau des maquillages du zombie que des effusions sanguinolentes, demeurent impeccables même si on les devine rudimentaires. donc, ce "Zombie honeymoon" s'avère être une oeuvre poignante, qui au travers de son histoire aux tendances horrifiques prononcées, dresse une parabole sur l'Amour des plus probantes et parvient ainsi à toucher son spectateur en plein coeur !