Black MoonRéalisateur : Louis Malle
Avec : Cathryn Harrison, Therese Giehse, Joe Dallesandro, Alexandra Stewart
Pays : France/Italie/Allemagne
Année : 1975
Synopsis :
Dans une époque imaginaire, où règne la guerre entre les hommes et les femmes, une jeune femme fuit. Elle se réfugie dans une forêt où elle rencontre des personnages curieux, tels qu'une licorne philosophe, une vieille femme qui se nourrit au sein, ou encore des enfants nus qui jouent avec un cochon...
Critique :
Que voilà un film pas comme les autres !
Une jeune femme roule en voiture. Elle est arrêtée par des soldats portant des mitraillettes. Ceux-ci disposent en rang un groupe de femmes. Ils les mettent en joue et les abattent froidement. Lily, la fille, dans sa voiture, assiste à ce spectacle, horrifiée. Elle réussit à échapper aux hommes et roule dans une espèce de maquis. À un moment, contrainte de s’arrêter, elle continue sa fuite à pieds. Elle voit une licorne qu’elle essayera tout le temps de suivre. Elle croise une joyeuse bande d’enfants courant nus, accompagnés d’un gros cochon. Elle arrive devant une maison située au milieu de nulle part. Elle y entre. Elle y rencontre une vieille femme alitée qui converse avec un rat, qui est nourrie au sein comme un bébé et qui parle dans un appareil, commentant notamment le comportement de l’héroïne (à qui s’adresse-t-elle ?), un jeune homme et une femme qui sont frère et sœur, le groupe d’enfants nus et divers animaux.
J’ai vu que le film est étiqueté « science-fiction », mais il apparaît bien vite qu’on lui a accolé cette étiquette là parce qu’on ne sait tout simplement pas le classer. Les décors campagnards dans lesquels se déroule le film n’évoquent sûrement pas de côtés futuristes ou même technologiques, que du contraire (seuls la machine de la vieille femme apporte une petite touche « civilisée »). Tout ça sent bon les années 70, avec la fuite de la guerre pour un retour à la nature. Non, le terme S-F ne convient pas à cette œuvre ; les qualificatifs qui lui vont sont : surréaliste, onirique, étrange. Dans cette œuvre singulière, je crois déceler des influences d’Alice au pays des merveilles, des contes traditionnels et du surréalisme. Je ne connais pas Louis Malle, je n’ai pas fait de recherche sur lui, mais ça ne m’étonnerait pas qu’il ait été proche du groupe surréaliste.
Black Moon se positionne comme une vraie Œuvre d’Art et non comme un divertissement populaire. Ce n’est pas un film de genre, mais un film d’auteur. Regarder Black Moon, ce n’est pas se faire un p’tit film peinard pour se distraire, c’est faire l’expérience de la beauté d’une œuvre d’art. Je dirais qu’on n’est pas dans le « bon » (est-ce un bon film ?), mais dans le « beau ». Il y a un petit côté envoûtant. J’étais en partie sous le charme, mais en même temps, l’ennui pointait le bout de son museau. Visuellement, ce film est très intéressant. Pour l’aspect visuel et pour son étrangeté, ce film mérite d’être découvert.
L’héroïne est charmante (une blondinette avec un accent étranger). Les comportements des personnages sont bizarres, ils semblent suivre une autre logique que celle à laquelle nous sommes habitués. Tout est bizarre dans ce film. Il y a peu de dialogues. Dans le rôle du jeune homme rencontré à la maison, on retrouve Joe Dallesandro, célèbre éphèbe des années 60/70 qui a joué notamment dans Chair pour Frankenstein. La guerre fait peser une menace constante sur tout le film. Un des éléments qui ne manqueront pas de surprendre, c’est l’omniprésence des animaux. L’héroïne n’arrête pas de croiser des animaux sur son chemin : cheval, licorne, serpent, cochon, rat, aigle … Obsession de Louis Malle ? Il me semble qu’avec ces bêtes, il y a là une dimension symbolique à ne pas négliger. Il y aurait une interprétation symbolique à faire de ce film.
Pour les cinéphiles qui ont soif de découvrir des films qui sortent des sentiers battus.