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 Funny Games

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Sangore
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Sangore


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MessageSujet: Funny Games   Funny Games EmptyLun 12 Mar - 1:45

Funny Games

Funny Games P10036

Réalisateur : Michael Haneke
Avec : Susanne Lothar, Ulrich Mühe, Arno Frisch
Pays : Autriche
Année : 1997

Synopsis :
Une famille composée d'un couple et de leurs deux enfants passe ses vacances au bord d'un lac. Deux jeunes hommes leur rendent visite sous un prétexte futile. Ils les séquestrent et vont leur faire vivre un calvaire ...

Critique :
Que voilà un thriller pas comme les autres ! J'aurais bien pû le mettre dans la partie films cultes, il n'aurait pas déparer cette section !

Les acteurs sont tout simplement excellents. Tout est extrêmement réaliste, ce qui augmente l'impact de la violence et l'impact émotionnel sur le spectateur. Il s'agit surtout d'une violence "psychologique", les actes les plus cruels étant hors-champs. Il y a une de ces tensions ! Comme le dit l'accroche, c'est "froid, précis et implacable". Les deux jeunes gens restent toujours calmes et très courtois, malgré leurs actes terribles, ce qui donne d'autant plus froid dans le dos.

Le film regorge d'idées absolument géniales. Déjà l'idée du pari énoncé par les bourreaux. Mais il y a aussi tout un jeu avec le spectateur, et c'est là que le Funny Games étonne le plus positivement. Il y a, derrière le film, toute une réflexion sur le cinéma et sur la position du spectateur. Je ne précise pas car je trouve que cela doit rester une surprise pour ceux qui ne l'ont pas encore vu.

Un film incontournable.

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mefamo
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MessageSujet: r   Funny Games EmptyJeu 29 Mar - 15:15

Une fois n'est pas coutume, je vais prendre le contrepied de San et tenter d'expliquer pourquoi Funny Games est un des rares films à m'avoir donner envie de balancer ma télécommande droit dans la télé. Il s'agit moins d'une question de mise en scène que d'un point de vue, celui de Haneke, qui me met tout simplement hors de moi.

En premier lieu, Haneke veut ramener la violence à sa dimension la plus glauque, la plus malsaine. Grand bien lui en fasse. Mais cette volonté s'accompagne d'une espèce de moralisme qui, ici, le pousse à renvoyer au spectateur son intérêt pour les images violentes en visant à la mettre mal à l'aise, avec une volonté paradoxale de le faire se sentir coupable de ce qui arrive aux personnages, par le discours direct que lui adresse l'un des aggresseurs, genre: "tu aimes la violence ? Je vais te montrer à quel point ton désir va malmener mes victimes. Et si tu n'en as pas encore assez, je vais aller encore plus loin, jusqu'à ce que tu te sentes mal, car on ne peut aimer la violence sans en assumer les conséquences jusqu'au bout". Haneke déclare lui-même qu'on ne peut aborder la violence à la légère, reprochant par exemple à un John Woo de transformer ses gunfights en ballets hyper chorégraphiés où la mort d'un figurant devient élément de pur spectacle.

Par la même, Haneke, avec Funny Games, me semble régler ses comptes avec des spectateurs en les mettant face à leurs propres pulsions, mais ne fait aucunement preuve d'objectivité dans ce qu'il montre. Bien au contraire, il n'y a pas de spirale de violence dans Funny Games, aucune volonté de faire comprendre le pourquoi de la violence autrement que dans le désir du spectateur de la voir. Les deux jeunes agresseurs deviennent les representants d'une violence cinématographique gratuite qui s'abat sur une famille tout droit sortie d'un drame social. Et là, je dis stop. Qui accepte ce postulat pourra rentrer dans le film, mais à mon sens, il y a une malhonnêté manifeste de Haneke. Il ne s'agit pas pour moi de décrier son travail de mise en scène, hyper efficace et cohérent par rapport à ses objectifs, mais de rejeter tout le discours que sous-entend son film. Car d'autres on déjà traité de la violence dans le quotidien, de Pasolini à Packinpah dans son brillant Les chiens de paille, mais sans jamais accuser son spectateur de complicité dans les atrocités qui se déroule sous ses yeux, et en tentant bien au contraire de cerner, de manière objective, la manière dont la vie de tout les jours peut dégénérer jusqu'à révéler les pires instincts de l'homme. Ca, Haneke s'en fout. Les deux jeunes agresseurs n'ont aucune raison de s'en prendre à la famille, à part la volonté d'Haneke. Le réalisateur veut montrer une violence réaliste dans son déroulement, nous rappelle qu'il est dégueulasse d'aimer ça, mais ne s'interroge jamais sur son origine. Hors, j'estime que l'un ne va pas sans l'autre, et que le réal témoigne ici d'un parti pris hallucinant de manipulation. Même lorsque les deux agresseurs discutent entre eux, il n'apparait jamais l'once d'une explication, pas même une tentative d'explorer les origines du mal (autre, encore une fois, que celle de balancer au spectateur ce qu'il veut). Le réalisateur me donne l'impression de vouloir régler ses comptes avec une vision fantasmée de la violence, qu'il considère comme indubitablement liée à la violence réelle. Et il ne s'agit pas pour le réal d'explorer ce lien, ce qui du coup aurait à mon sens donner un véritable sens au film: pourquoi sommes nous fasciné par la représentation de ce qui, dans le réel, nous est inacceptable. Non, pour lui, ce lien existe, pervers et voyeuriste, point final, et prend toi tout ça dans la gueule (voir l'agresseur qui interperle le public en lui disant en substance: "nous sommes aller assez loin, ou tu en veux encore plus ?"). Je trouve cette confusion volontaire entre réalité et fiction d'une incroyable mauvaise foi et d'un moralisme puant, le tout hypocritement dissimulé derrière la vitrine de la provocation (ce qui ne fait rien pour arranger les choses). Sans compter l'amalgame simpliste entre le rock Hardcore et les agresseurs (Funny Games Icon_rolleyes). Pour moi, Haneke agit comme un réalisateur de film porno qui n'arrêterait pas de rappeler, pendant tout le film, que le fait de baiser 3 femmes en même temps va détruire impiroyablement ta vie de couple, et que les fantasmes de soumissions traduisent directement tes désirs malsains de tyrannie (si tu tiens la corde) et ta volonté d'auto-destruction (si c'est toi qui est attaché). Haneke me fait l'impression, avec Funny Games, d'être un bien-pensant qui stigmatise ce qu'il considère comme des dérives sans s'interroger dessus (sans hésiter à en faire son fond de commerce), et ça a le don de me mettre particulièrement en colère.
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MessageSujet: Re: Funny Games   Funny Games EmptyJeu 29 Mar - 17:06

Intéressant avis de Mefamo, voici le mien qui est une sorte de contrepied de l'avis ci dessus.

MOULTS SPOILERS

D’entrée de jeu on suppute que l’on est devant un film à part, dans un décor idyllique filmé en contre plongé une famille bien propre sur elle s’en va quérir des vacances bien méritées tout en écoutant des airs de musiques classiques à endormir un épileptique, et arrive le titre du film sur fond de musique Hard Rock et donne bien le ton de ce film, qui sera une succession de coup de poing allant du crochet à l'uppercut final.

Puis notre famille composée du père que l’on imagine bien en directeur de banque ou en ingénieur des ponts et chaussés bref un métier respectable qui lui permet de pouvoir jouir d’un lieu de villégiature cossu et douillet accompagné de son épouse parfaite petite femme d’intérieur et de leur fils engoncé dans sa semi-laideur pré adolescente. Bref la caricature de la famille bourgeoise pour laquelle j’avoue avoir eu la plus grande antipathie ( mais ça va changer )

Et cette petite famille s’apprête à passer ses vacances à jouer au golf, faire du bateau ou toutes autres activités destinées à masquer la vacuité de leur existence et la pauvreté de leur esprit derrière une richesse et un bien être matériel de façade.

Mais voilà, la monotonie de leur vie et leur insignifiance fondamentale les désignent comme des victimes expiatoires de la part de deux jeunes gens bien propres sur eux, polies, façonnés par le type de société que représente cette famille, et dont la seule liberté est de marcher dans leurs traces sans faire de vagues et de s’intégrer à cette société molle, désincarnée et putassiére.

Seulement les deux jeunes gens décident de s’en affranchir par le seul biais qu’ils leurs restent : la violence.
Une violence autant morale que physique sans aucune compassions, ni remords, une violence froide qui ressemble à leur monde ( et au notre bien sur ), car pourquoi font ils cela ? ? ? Et bien ce n’est ni du à une enfance difficile, ni à la drogue, ni même à la folie mais seulement à l’ennui, un ennui incommensurable, un ennui qui occulte tout le reste, témoin cette scène où un des deux bourreaux regarde la télé en zappant de chaîne en chaîne et voit défiler les mêmes images encore et encore répétées jusqu’à la nausée

Alors toute les règles sont obsolètes, et ils s’en dédouanent avec virulence mais sans réelle passion. Nous n'avons même pas l’impression qu’ils prennent un quelconque plaisir à leurs jeux morbides, ils font cela comme ils feraient autres choses simplement pour passer le temps.

Et c’est là précisément ce qui rend ce film absolument dérangeant et qu’il nous fait passer un long frisson le long de notre épiderme. Le fait que cette violence n’ait aucun but, aucune ambition, aucun motif même.

Et Haneke étant un grand cinéaste il a compris que la tension et l’indicible se nourrissent de l’ellipse et non pas du gros plan, les scènes de violences physiques et de meurtres ne sont jamais montrées, mais on entend les cris, et la souffrance témoin cette scène hallucinante où l’un des deux jeunes se préparent une tartine alors que le fils de la famille est froidement abattu par l’autre.
Il a également compris que la tension est à son comble lorsque le rythme est lent, et l’attente insupportable et il utilise la fixité de la caméra lors de long, très long plan uniquement destiné à faire augmenter la pression ; la scéne après la « fuite « des deux bourreaux où la piéce est filmée de maniére a englober le fils mort dans un coin, le mari martyrisé dans l’autre et la femme ligotée au milieu semble durer une éternité et nous plongent dans la consternation, la soufrance et crée une véritable empathie malsaine envers ces pauvre gens.

Enfin la fameuse scène de la télécommande est tout simplement géniale, destinée à tourné le couteau dans la plaie déjà bien ouverte et qui confirme qu’aucune rédemption dans le film et au-delà dans nos sociétés stéréotypées n’est possible, seul l’horreur et l’injustice gagne.

Un film diablement écrit, ô combien éprouvant, malsain et repoussant à première vue mais qui finalement est une critique acerbe de notre société occidentale, et un nécessaire prise de conscience de notre triste réalité.

AMEN
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MessageSujet: Re: Funny Games   Funny Games EmptyJeu 29 Mar - 18:51

Citation :
Enfin la fameuse scène de la télécommande est tout simplement géniale, destinée à tourné le couteau dans la plaie déjà bien ouverte et qui confirme qu’aucune rédemption dans le film et au-delà dans nos sociétés stéréotypées n’est possible, seul l’horreur et l’injustice gagne.

C'est justement lors de cette scène que j'ai bondi de mon siège en me disant "ras le cul !!" ^^. J'ai trouvé ça d'une facilité agaçante. Tout ce que je déteste dans ce film s'y résume, et perso, je ne souscrits en aucun cas à la critique que fait Haneke de la société, qui me parait si orientée et si subjective qu'elle en perd tout intérêt. L'ennui comme point de départ de la violence, ok, mais il n'y a même pas un minimum d'analyse, je ne vois pas à quoi ça mène. C'est juste considéré comme un fait, et en l'occurence, ça ne m'a pas convaincu du tout. Maintenant que j'y réfléchis, ça me rappelle un passage d'Assassin(s) de Kassovits (kazzovitz ? Sais plus), où l'on voit un gamin sur le point de tuer, qui, après une hésitation, va regarder quelques minutes de TV avant de passer à l'acte. C'est gros. Mais bon, même si ce Funny Games m'énerve au plus haut point, je le préfère largement à La pianiste, qui m'a juste profondémment ennuyé et qui ne m'a pas paru intéressant pour un sou. Non, je crois vraiment que Haneke et moi, on a un grave problème relationnel Funny Games Icon_smile. Il ne s'attarde que sur les symptômes et jamais sur la maladie, ce qui cadre mal avec ses prétentions, du moins pour moi.

Cela dit, sympathique avis Camif. Tu présentes le film sous un angle à côté duquel je suis complètement passé...
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MessageSujet: Re: Funny Games   Funny Games EmptyJeu 29 Mar - 20:26

Chris’ est en forme aujourd’hui ! Very Happy

Je ne connais pas le discours que tient Haneke en dehors des films, je ne sais pas quelle est son idéologie ni rien, je n’ai jamais vu/lu d’interview de lui. J’ai abordé le film l’esprit « vierge » si je puis dire. Et, est-ce un aveuglement de ma part ou bien le film se prête-t-il a plusieurs interprétations (l’avis de CAMIF me fais pencher vers cette deuxième hypothèse), je n’ai pas perçu le film comme toi, Chris’, je n’ai pas perçu cette stigmatisation de la violence dont tu parles. Disons que je n’ai pas été chercher plus loin que ce que je voyais à l’écran : il y a une gentille petite famille bourgeoise bien comme il faut, elle tombe sur deux jeunes qui ont inventé un jeu (d’où le titre) qui consiste à exterminer calmement et ludiquement les gentilles familles, et on voit le calvaire qui s’en suit. Et puis il y a ces adresses au spectateur, qui remettent toute la fiction en question et qui impliquent donc le spectateur dans le film même. J’ai trouvé cela génial. Non seulement les deux jeunes ont un contrôle total sur la famille-victime, mais ils contrôlent même le film que l’on est en train de regarder, cf. la scène de la télécommande !! Ils sont donc totalement les maîtres à bord. Absolument génial, je trouve ! Haneke interroge la fiction, la place du spectateur dans la fiction … Que l’on aime ou pas, il faut convenir que c’est très intéressant.

Maintenant, imaginons qu’avant d’avoir vu le film, j’aie entendu une interview du réalisateur disant que montrer de la violence dans un film de manière sublimée, c’est vraiment con, que en fait, avec Funny games, il a voulu dénoncer l’utilisation de la violence dans les films, etc. etc. (pure hypothèse ; je ne sais pas s’il dit ça) ; alors là, j’imagine bien que mon plaisir, en regardant par après Funny Games, aurait été en grande partie gâché.

Bon du coup ça me donne envie de voir des interviews de Haneke pour constater quelle est sa position réelle par rapport à ça ! Dommage que le DVD de Funny Games que j’ai acheté ne récèle aucun bonus !

Quant à l'absence d'explication par rapport au comportement des deux jeunes, je crois que, justement, la scène où le gars évoque différentes explications et laisse finalement ses auditeurs dans le flou, le doute, cette scène, Haneke l'a faite pour nous dire : "non, je ne vous servirai pas une explication gnan-gnan comme quoi les jeunes font ça parce qu'ils ont été maltraités pendant leur enfance ou ce genre de trucs, non, ce serait trop facile ; je vous laisse dans le brouillard, ça vous mettra encore plus mal à l'aise." Leurs agissements sont d'autant plus terribles s'ils n'ont pas d'explications, d'excuses. C'est faire le mal gratuitement, pour le fun. Donc je crois que Haneke n'a pas mis d'explication tout simplement dans le but d'être + efficace.
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MessageSujet: Re: Funny Games   Funny Games EmptyJeu 29 Mar - 22:47

Il y a un entretien d'Haneke ici: http://www.humanite.fr/journal/1998-01-14/1998-01-14-407632

(...) Le spectateur est toujours l’otage du metteur en scène. L’essence d’un film est de manipuler le spectateur. La différence est que mes films visent à le rendre conscient de ce phénomène. Dès lors qu’il y a provocation, il est normal qu’il y ait résistance. C’est logique. Je pousse le spectateur dans son rôle de consommateur de violence. Je ne peux pas attendre qu’il m’aime en retour. "Funny Games" n’est pas un film agréable à voir.

(...) Le plus dangereux, c’est la perte du sens de la violence. Si on la considère comme une image ou un jeu, on est beaucoup plus près de l’exercer. "Natural Born Killer" ("Tueurs nés"), d’Oliver Stone, par exemple, affiche une esthétique provocante qui rend la violence attractive. C’est idiot ou irresponsable. Au choix. Je ne connais pas monsieur Stone, mais je ne le crois pas stupide. Ce film est un cas d’école : il prétend dénoncer les médias mais emploie une forme pire que celle dont ils usent.

(...) J’essaye de laisser la voie libre à plusieurs interprétations possibles. Je préfère poser des questions qu’apporter des réponses. En ce sens, tous mes films sont optimistes. Dans le cas contraire, je tiendrais le spectateur comme tellement stupide, que je considérerais qu’il ne sert rien de s’adresser à lui ainsi. Donc, je tournerais des films commerciaux. Les vrais cyniques sont ceux qui choisissent de faire des films de "distraction".

Mon problème étant que je trouve qu'il tombe régulièrement dans les travers qu'il dénonce, et qu'affirmer que "Les vrais cyniques sont ceux qui choisissent de faire des films de "distraction"" me parait être d'une incroyable stupidité doublé d'une grande condescendance. Et je ne le trouve pas cohérent lorsqu'il dit vouloir manipuler le spectateur, l'en rendre conscient, puis lui laisser l'interprétation du film ouverte. On manipule quelqu'un pour le mener quelque part, et si c'est le cas, c'est qu'on a quelque chose à lui dire, donc que l'on oriente les réponses. L'en rendre conscient ne change pas grand chose à l'affaire (dans mon cas, ça m'a éloigné du film, sans jamais soulever le moindre questionnement). Laisser le spectateur libre, c'est lui donner toutes les cartes pour mener sa propre réflexion, réfléchir aux tenants et aux aboutissants. Or Haneke ne nous livre pas tous les éléments de sa réflexion. L'abus d'images violentes créé une perte de sens ? Ok, ça s'est parfois vu. Mais avant de renvoyer ça à la face des spectateurs, et d'en faire la pierre de touche de son film, ce serait peut-être bien de lui donner les moyens de se faire une opinion et non de présenter ça comme un axiome. Et puis, il y a également le parti pris qui veut que le spectateur ne soit pas conscient de sa manipulation... Là, je m'interroge franchement. Je ne parle pas tant de l'information télé que du cinéma. Lorsque l'on va voir un film, on sait, indéniablement, qu'une caméra a été posée quelque part et que les acteurs jouent. On va au cinéma voir des fictions pour se faire manipuler. On connait la règle. A un moment donné, faut arrêter de prendre le bon gros public pour un tas de demeurés, même si ça aide à se sentir supérieur...

Maintenant, on ne niera pas l'aspect polémique de la chose Funny Games Icon_lol

EDIT: les propos d'Haneke sur Woo et Tarantino, source: http://www.dvdrama.com/news.php?18833 "Les films de Tarantino sont un peu irresponsables. C’est la façon américaine de penser parce que vous ne pouvez pas parler avec Tarantino sur ce sujet. Il vous prendra pour un idiot. Il ne comprendrait pas. Lui et John Woo sont néanmoins de très grands maîtres de leur métier. J’ai lu une interview de John Woo où il disait être un grand fan de Fred Astaire et que de fait, il faisait à la violence ce qu’Astaire faisait avec ses jambes. Je pense que lorsqu’il assène ce genre de remarques, il n’est même pas cynique. Ces cinéastes prennent le cinéma pour un support immatériel. Ça ne parle pas de la réalité donc c’est un moyen de faire ce qu’on veut. Si on a cette position, on ne peut pas discuter. Cela équivaut à une discussion entre un croyant et un non-croyant." Ma vision des choses n'est clairement pas celle de Haneke, mais je suis d'accord sur l'analogie entre Croyant et Non-croyant. Ceci expliquant cela.
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MessageSujet: Re: Funny Games   Funny Games EmptySam 31 Mar - 14:35

C'est étonnant comment d'un personne à l'autre on ressent un film, ensuite les interviews d'Haneke comme de tous les réalisateurs ne m'apportent en général rien du tout et celle-ci ne fait pas excpetion à la régle.

Je préfére me faire ma propre idée.

En tout cas ce film ne laisse pas indifférent et donc Haneke a atteint son but.
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MessageSujet: Re: Funny Games   Funny Games EmptySam 31 Mar - 17:05

C'est clair que chaque spectateur s'approprie un film dès qu'il le voit et s'en forge sa propre perception. C'est amplement suffisant, et beaucoup de réalisateurs estiment, comme toi (Camif donc), que la compréhension du film doit se dérouler sans apport supplémentaire.

D'un autre côté, dès que l'on veut analyser un film - au delà de son simple avis personnel -, les propos d'un réalisateur sont essentiels pour pour mieux comprendre ses objectifs et confronter ses intentions au résultat à l'écran. Cela permet à la fois de mesurer la sincérité d'un réal et de cerner son propre univers. Dans ce cas-ci, il est logique que je ne parvienne pas à apprécier Haneke, vu que sa propre conception du cinéma s'oppose quasi intégralement à la mienne - l'opposition Croyant/Incroyant, grosso modo.

Ces deux positions peuvent d'ailleurs générer de sacrés malentendus entre la volonté du réalisateur et le spectateur. Paul Verhoeven a du sacrément tomber des nues lorsqu'il a constaté que son satirique Starship Troopers a été pris le plus sérieusement du monde, et assimilé à un pamphlet facho et militariste. En finalement, je pense que le simple fait de classer Funny Games dans les thrillers relève également d'un malentendu, et Haneke est le premier à la dire. On dit que Kubrick a pensé à faire retirer Orange Mécanique lorsqu'il a constaté qu'on le prenait pour un film fun, culte et d'une violence ludique (optique dans laquelle je l'ai découvert, d'ailleurs, contrairement à Funny Games où le propos du film m'était déjà connu).

Je pense aussi qu'on arrive jamais neutre devant un film, on a toujours une idée de ce qu'on va voir, et ça conditionne énormément notre réaction face au film. Si l'on va voir Le labyrinthe de Pan en s'attendant à visionner une fresque purement fantastique, on risque d'être amèrement déçu. Si on me dit que Cursed a été conçu comme une parodie, je crie au génie. Si c'est supposé être un film d'horreur, je hurle au scandale Funny Games Icon_twisted. Et je ne te parle pas de la gueule des parents lors de la projection de Robocop, qu'ils prennaient pour un pseudo Superman mécanique, devant leur mioche (expérience vécue Funny Games Icon_lol).

Pour en revenir à Funny Games, j'avais lu un entretien d'Haneke des années avant de voir le film, et son propos m'avait déjà passablement agacé, en tant que fan de film fantastique et de cinéma de genre. Je l'ai d'ailleurs boycotté pour ça. La vision du film, que j'espérais dépassionnée (je suis très vite irritable dès qu'on aborde la question de la violence fictionnelle) n'a rien fait pour arranger les choses, c'était encore pire que je ne l'imaginais. Mais c'est inévitable vu son propos et en ce sens, peut-être que oui, il a atteint son but.
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MessageSujet: Re: Funny Games   Funny Games EmptyMar 3 Avr - 11:19

Je m'attendais à un film violent et j'ai eu droit à de la violence mise en scène de manière glaciale (et plus que ça par ailleurs), donc je n'ai pas été déçu. Si on fait une approche non totalisante du ciné d'Haneke, on peut dire que ce cinéste contente (potentiellement) à la fois les amateurs de violence dans les films et les détracteurs de cela. Les amateurs, s'ils regardent la violence qu'Haneke met en scène sans se préoccuper des propos de celui-ci, et les détracteurs s'ils se concentrent sur le discours du réal.
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