Schizophrenia (Angst / Fear)
Réalisateur : Gerald Kargl
Avec : Rudolf Götz, Erwin Leder, Silvia Rabenreither, Edith Rosset
Pays : Autriche
Année : 1983
Résumé :
La dernière journée d’un sadique, un criminel sexuel. Après chaque séjour en prison, « IL » pense au crime parfait. Durant ses dernières heures de liberté, « IL » commet trois meurtres plus horribles les uns que les autres. Faisant ramper ses victimes, les triturant jusqu’à ce que mort s’ensuive.
Nonante minutes de la vie d’un homme détraqué : « J’avais peur, je ne craignais pas la justice des hommes, j’étais dans un tel état de démence, j’avais peur de moi-même. »
Critique :
On pense, pour situer Schizophrenia, à Henry, Portrait d’un serial killer, Funny Games, Maniac et Deranged. Sûr qu’il ne détonne pas dans cette belle liste. Mais il possède une approche originale ; c’est une œuvre à part entière, particulière, qui n’a pas besoin d’être comparée à d’autres. Ce film a par ailleurs influencé certains réalisateurs.
Un homme se dirige vers la porte d’entrée d’une maison. Une vieille dame lui ouvre. L’homme l’abat d’un coup de révolver, sans préambules. Ainsi commence Schizophrenia. Le début de la VHS (j’ai la VHS VDS Vidéo) propose un montage qui explique l’histoire de ce tueur à la manière d’un petit documentaire. Il faut savoir que cette histoire est inspirée d’un vrai fait divers. Quand on a ça à l’esprit en regardant le film, cela donne encore plus froid dans le dos.
Une fois sorti de prison, notre psychopathe n’a qu’une chose en tête : trouver une bonne occasion pour commettre à nouveau un crime. Dans les délais les plus courts. Il arrive dans le café d’une station-service. Là, il repère deux jeunes dames. Il est bien tenté de « passer à l’acte » sur-le-champ, mais, voyant que l’endroit est trop fréquenté, il se résigne à attendre une occasion plus favorable. Il prend un taxi, et en voyant la conductrice, il se dit qu’il l’étranglerait bien avec le lacet d’une de ses chaussures. Mais la taxiwoman s’aperçoit du comportement bizarre de son client et l’abandonne sur la route, dans une région très boisée. L’homme court à travers bois, de peur d’être suivi. Il arrive à une résidence qui semble abandonnée. Il décide d’investir les lieux, car cette maison, située à l’abri des regards, est un endroit excellent pour y amener des victimes et faire joujou avec elles tranquillement. Entré par effraction, il se rend à l’évidence que la demeure est occupée. Il voit d’abord un handicapé moteur et physique. Ensuite arrivent une dame âgée et une jeune femme, qui étaient parties faire des courses. C’est là que le film commence vraiment …
Au début et à la fin du film, une voix off parle du tueur à la troisième personne. Mais tout au long du métrage, c’est une autre voix qui nous parle … celle du psychopathe lui-même. Le film ne contient presque pas de dialogues. Les images parlent d’elles-mêmes. Et puis cette voix. Il nous dit qu’il a un plan, il nous décrit ses états d’âme, ce qu’il a vécu étant jeune … Cette proximité instaurée entre le pervers et le spectateur crée chez ce dernier un malaise, un trouble. Il se trouve dans la position de témoin privilégiée mais impuissant. La surprenante manière de filmer renforce l’impression de coller aux basques de l’homme (sauf lors de quelques plans où il va à l’extérieur de la maison ; là, la caméra prend de la hauteur, donc de la distance, par rapport à lui).
Le film est servi par une belle musique très aérienne.
Sa seule faiblesse réside dans sa dernière partie, où le scénario semble se chercher. L’intensité faiblit alors. Mais pour le reste, c’est impeccable. Schizophrenia est dur, glaçant, réaliste. S’il est violent, il n’y a pourtant qu’une seule scène gore. Celle-ci est assez crade (voir les deux dernières photos en bas). Mais je pense que la censure est passée par là et a fait « coupe coupe » … Si certains ont une autre édition que moi, je serais fort intéressé de comparer pour me rendre compte de ce que j’aurais pu louper comme plans.
Un film à voir absolument.