Quel étrange film, ce Taxidermie.
C'est trois films en un. À la fois trois courts métrages, présentant trois tranches de vie, et un film, consacré tout entier à la chair et à l’obsession. Il nous montre l’humanité dans toute sa décadence, sa déchéance, sa hideur, une humanité qui se vautre dans la fange. C’est une espèce de saga familiale : il y a d’abord le grand-père, puis le père et enfin le fils.
La première partie présente un officier, pendant la guerre, dans un campement très isolé. Il se trouve dans un état de grande frustration sexuelle. Il n’arrête pas de se masturber et de s’inventer des délires phantasmatiques.
Cela donne lieu à des scènes plus cocasses les unes que les autres. Par exemple, le bougre, de sa cabane, aperçoit deux dames dehors et, excité, trouve un trou entre les lattes de bois qui le séparent de l’extérieur, l’enduit de lubrifiant et glisse son sexe dedans … avant de recevoir un coup de bec d’un coq qui passait par là ! Il s’amuse aussi à promener une flamme sur tout son corps. Avec de telles scènes, on ne s’étonne pas que le film ait été interdit aux moins de 16 ans.
Le réalisateur épouse tellement son sujet que ce segment donne vraiment l’impression d’être conçu par un obsédé sexuel.
La deuxième partie est consacrée au fils. Celui-ci devient un champion dans les concours d’ingurgitation de nourriture, sous le régime communiste. Il a une histoire d’amour avec une femme qui fait aussi de tels concours. Au menu : obésité, bouffe, vomi, bouffe, vomi … Il vaut mieux ne pas avoir mangé trop copieux avant de regarder ce film.
La troisième et dernière partie montre le fils devenu un père âgé et d’une obésité monstrueuse, qui n’est que mépris pour son propre fils, tout chétif. C’est ce dernier qui est le véritable protagoniste de ce segment. Il est taxidermiste, donc il travaille à l’immortalité de la chair. Immortalité des corps qu’il va essayer sur son père et sur lui-même par une très ingénieuse technique …
Pour l’amateur de gore, je signale qu’il y a une longue scène hallucinante où la caméra fouille littéralement l’intérieur d’un corps. De la bonne grosse barbaque en super gros plan. On a l’impression, en tant que spectateur, d’être véritablement DANS cet amas de chair, de graisses, d’organes …
La presse a qualifié Taxidermie d’OFNI, et il mérite bien cette appellation.
La mise en scène est extraordinaire d’originalité. Le réal multiplie les trouvailles dans sa manière de filmer, recherche les plans hardis.
On ne peut pas dire que j’ai aimé ce film. J’apprécie son originalité, ses prouesses techniques, son hardiesse. Mais c’est un film qui donne la nausée (par ce qu’il montre) et non le plaisir que l’on peut avoir en regardant, par exemple, un bon p’tit thriller haletant. Il fait dans la provocation et dans l’excès. On se sent sale après l'avoir vu. Cependant, il est à regarder.